Khatre Sy, village école dans l'usage de la RNA pour reverdir les terres et préserver l'environnement

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Les communautés paysannes sont de plus en plus conscientes de la nécessité de mettre en place des réponses efficaces et durables pour faire face à la dégradation des ressources naturelles. Ainsi on assiste à  l’émergence et le développement de plusieurs initiatives paysannes individuelles ou collectives portant sur la mise en place de solutions techniques variées visant le maintien, la restauration de la végétation et l’amélioration de la capacité productive des sols. Le village de Khatre SY n’échappe pas à ce phénomène.

En effet, vers la fin des années 1980, à Khatre Sy, suite à une campagne de reboisement, les agriculteurs ont commencé à pratiquer de la Régénération naturelle assistée (RNA) en laissant les jeunes pousses se développer. Il s’agissait essentiellement d’espèces locales, à l’occurrence le Fedherbia albida (Kadd), l’acacia senegal (Ratt), le balamitès eagyptiaca (Soump), Guiera senegalensis  (Nguer), etc…

Par la suite, en 1992, avec l’appui du Projet de Reboisement Villageaois dans le Nord Ouest du Bassin Arachidier (PREVINOBA), les agriculteurs ont mis en place une convention locale pour la gestion des ressources naturelles, gérée par un  Comité Villageois de Développement. Et depuis 2008, avec l’encadrement de l’ICRAF, ils pratiquent la mise en défens 50 Ha de forêt.

L’expérience du village de Khatre SY constitue un exemple pertinent de bonne pratique locale de reverdissement et c’est une référence dans la gestion communautaire des ressources naturelles.

Par ailleurs, elle  a fait l’objet d’une documentation dans notre bulletin « Arbre et Culture » publié dans le cadre du programme « Africa Re-greening Initiative » (ARI) dont la mission était de promouvoir les approches agro-forestières, comme la Régénération Naturelle Assistée (RNA), afin de contribuer à réduire la pauvreté rurale et à renforcer les capacités des populations à s’adapter aux changements climatiques.

Plus d'info sur le programme ARI sur iedafrique.org

Plus jamais d'autre Lampedusa, déclare l'équipe de coordination de l'AIAF

Au nom du Forum Rural Mondial, équipe qui coordonne la préparation de l'Année internationale de l'agriculture familiale - 2014, nous partageons la douleur de la communauté internationale suite à la mort en mer - si près de la côte de l'île Méditerranéenne de Lampedusa – de plus de 350 hommes, femmes, garçons et filles. Puissent-ils reposer en paix. Nous nous chagrinons aussi de la situation tragique dans laquelle se trouvent leurs familles, à qui nous exprimons notre sincère solidarité.

Il y a sans aucun doute plusieurs causes à cette tragédie. Cependant, nous devons nous indigner contre le modèle socio- économique de développement et de gouvernance dominant, dont les injustices et énormes inégalités continentales poussent les Africains et les peuples des autres continents à chercher désespérément leur survie loin de leur pays d'origine, bien trop souvent au prix de leur vie.

L'Afrique n'est pas un continent « pauvre», elle est exploitée, tant de l'intérieur que de l'extérieur, par une combinaison d’intérêts politiques et économiques qui s’approprient et vendent au plus bas ses innombrables ressources naturelles et donc son agriculture locale.

La production alimentaire de l'Afrique, principalement générée par une agriculture familiale non protégés et aujourd'hui transformé en une proie pour les principaux investisseurs en quête de juteux profits, demeure, si véritablement soutenu, la source la plus durable pour la sécurité alimentaire et la création d'emplois, permettant une vie digne pour des millions de familles rurales et des habitants du continent en général.

Il est temps pour les gouvernements africains et le système des Nations Unies de concrètement apporter un soutien décisif aux organisations paysannes de femmes et d'hommes au niveau national, régional et panafricain, tant ils revendiquent en permanence le renforcement de l'agriculture familiale basée sur les producteurs d'aliments à petite échelle, les pêcheurs traditionnels et les éleveurs.

Il est également temps pour les dirigeants locaux et les bailleurs de fonds multinationaux de cesser l'accaparement des terres africaines et des ressources en eau, condamnant des centaines de millions de femmes et d'hommes à abandonner leurs cultures, la pêche et l'élevage pour devenir soit des citadins pauvres, soit des réfugiés désespérés, fatalement destinée à d'autre et encore plus grave Lampedusa.

Dans le cadre de la prochaine Année Internationale del'Agriculture Familiale (AIAF) en 2014, plusieurs centaines de paysans, ruraux, et d'autres organisations de développement, défendent conjointement le droit des peuples à produire une part importante de leur alimentation, sur la voie de la réalisation de la souveraineté alimentaire.

Plus jamais d’autres Lampedusa !

José Osaba, World Rural Forum, International Year of Family Farming 2014, Coordinator, Civil Society

Laura Lorenzo, World Rural Forum, International Year of Family Farming 2014, Deputy Coordinator, Civil Society
www.ruralforum.net